Nana-Sonj

O Sonjal Emaon

Mardi 19 avril 2011 à 23:48

 

Chère page blanche,

 

 

     Je suis actuellement assise sur mon lit, le dos appuyé sur le mur. Et ça fait mal. Mon canapé serait plus confortable, c'est sûr, mais comme tu le sais, mon volet est cassé depuis plus d'un mois. Tu devines donc logiquement qu'il fait noir dans cette pièce, ou du moins sombre, et qu'à force, c'est lassant.

Comme habituellement, ma chambre est un vrai bordel, un champ de bataille. Un de ces jours, je la rangerai, promis.

     La porte de ma salle de bain est ouverte, ça me fait drôle, parce que je vois ma tête dans le miroir. Je me vois grimacer au fur et à mesure que j'écris. Et j'ai tellement de mal à me faire à cette nouvelle tête. J'ai bien vu que ça ne m'allait pas si mal, et que j'avais l'air tellement moins sinistre. Mais enfin, après vingt ans avec des cheveux bruns presque noirs et là, pouf, une tête orange. Il y a de quoi être perturbée je pense. J'espère que tu me comprends. Bien sûr que tu me comprends, c'est même pour ça que je t'écris. Parce que je peux te parler. Même si en général tu n'as pas grand chose à me répondre, tu sais m'écouter. Et c'est déjà pas mal.

 

     Je dois te laisser à présent, j'ai pas mal de projets pour les jours à venir. Je crois que c'est une bonne chose. Je t'en parlerai.

 

 

Bises.

Nana


 

Mardi 19 avril 2011 à 23:49

Chère page blanche, 

 

 

     Je devrais déjà dormir, je le sais, mais c'est impossible. C'est imprévu. C'est une folie, qui apparaît d'un coup, ou presque. J'ai pourtant essayé de le chasser, mais ce sourire m'obsède. J'ai essayé de dessiner ce sourire, ce regard, ce visage. J'ai essayé de dessiner le mien aussi, stupide et émerveillé. Mais ça ne vient pas, ça ne part pas.

     Ce n'est pas une idée fixe, c'est comme un ami que tu croises, par hasard. Comme toi par exemple. Et qui te donne juste envie de sourire, qui t'aide à te sentir bien. 

     Je ne saurais le décrire. Chaque instant en sa présence était si bref, et il me semble qu'extérioriser ce qui a trait à lui le perdrait. Je ne veux pas qu'il parte, je veux garder ce sourire en tête.

     J'aurai besoin de ce sourire, parce que je l'aimerai. C'est une évidence.

     Et ce sourire, c'est tout ce que j'aurai. Rien de plus, et rien de moins que ce sourire et ce doux visage. Ses lunettes. Son attitude.

 

     Tu vois, je me sens bête. C'est sans doute ce qui m'empêche de trouver le sommeil, en réalité. Pourtant, c'est plutôt positif, de tomber amoureuse de quelqu'un qui te fait te sentir bien par sa simple présence.

 

 

 

 

Bonne nuit.

Nana

Mardi 19 avril 2011 à 23:56

Chère page blanche,

 

 

     Un nouveau jour se lève. J'ai brisé mes chaînes, et de manière définitive cette fois. Je ne reviendrai pas en arrière. F fait partie du passé maintenant. J'ai tourné la page, de manière officielle, même si la séparation était déjà réelle dans ma tête.

 

     Je suis prête à essayer maintenant, à tenter ma chance et à me donner toute entière.

J'aime en toute honnêteté. Je l'aime.

     J'avancerai dans le flou, mais j'avancerai.

 

 

 

 

A demain, G.

Nana


Mardi 19 avril 2011 à 23:58

Chère page blanche,

 

 

 

     Je viens de réaliser que je n'ai pas été très présente ces jours-ci. Ceci dit, j'avais des raisons que tu peux comprendre. Comme je le dis à mes amis à chaque oubli : "j'ai la tête ailleurs". 

Contrairement à ce que je m'étais mis en tête il y a un bon bout de temps, je suis allée à ma soirée d'intégration hier. Et j'ai bien fait, c'est quelque chose que j'aurais regretté.

     Hier était une excellente journée. Je me suis sentie bien.

     J'ai rencontré ma responsable de suivi, et j'en suis heureuse. C'est quelqu'un d'agréable. Parler avec elle était facile.

     Et cette soirée. J'ai tellement ri. Et je l'ai vu, encore et encore. C'était tout simplement magique, d'enfin réussir à aller le voir, de lui parler, et de le faire rire. Et comme j'aime danser ! 

 

     Si seulement j'avais pu rester plus longtemps. Mais ce n'était pas à moi de choisir, semblait-il. Un goût de trop peu.

 

     Je lui ai dit "A lundi !". Et il souriait. Il sourit toujours.

     Et lundi, il me sourira.

 

 

 

Oh, I've felt that fire and I, I've been burned

But I wouldn't trade the pain for what I've learned

(Pink, Crystal Ball)

 

 

I could've had everything.

Nana


Mercredi 20 avril 2011 à 0:01

Chère page blanche, 

 

 

 

     "Ecoute ! Ecoute ! C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.  (...)"

     J'écris de mémoire, je n'ai pas lu Aloysius Bertrand depuis quatre bonnes années.

     Mon humeur est terriblement variable, ces jours-ci. Et je commence à inscrire quelques mots. Que j'efface. Je recommence. Je pars. Je reviens.

     Peut-être est-ce lié au temps ? J'étais bien plus joyeuse lorsque le soleil brillait. Comme si je m'en nourrissais.

     J'adore la pluie, et le gris. Mais cette vision est tellement positive. Comme si une main merveilleusement douce frôlait mon visage, mes cheveux.

     Ou peut-être est-ce la musique ? Je déborde de musique. Je chante, je danse. Je suis en transe. Elle me parle.

     Peut-être est-ce ce trop plein d'émotions violentes ? Seigneur, ressortons les cours sur la tragédie classique. J'aurai une fin sublime et sanglante.

 

     Ma chère page, je m'égare. Je pleure aussi. Je suis d'humeur sensible je crois bien.

 

 

Mais gardons le sourire, toi et moi.

 

 

 

 

Bonne nuit.

Nana


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